domingo, 9 de diciembre de 2007

ANTONIO AGUILAR EN FRANCÉS POR DIEGO MORALES

MEDITERRÁNEO

ENTRA en el agua como un remo,
y su imagen se ve distorsionada
por el vacío de los años.
El agua que salpica habla de Jonia
y de las costas tracias,
del paso de unas civilizaciones a otras
en los mismos lugares,
de la sencilla pervivencia de los mitos
bajo la luz del sol que se refleja
rota sobre su espalda sumergida.

Tanta fugacidad emerge,
con el pelo mojado, igual que una moneda
en un mar que es el tiempo elástico
entre los pueblos que de noche brillan
como constelaciones de pequeñas estrellas.


Es igual que nadar sobre los versos
de Sófocles, de Horacio, de Khayyan,
saltar sobre el poema de las aguas
y avanzar por las líneas del canto
cuyo límite excede al propio tiempo.





El poeta Antonio Aguilar


MÉDITERRANÉE

Il entre dans l’eau comme une rame,
Et on voit la distorsion de son image
À cause du vide des années.
L’eau éclaboussée parle de l’Ionie
Et des côtes thraces,
Du passage d’une civilisation aux autres
Sur les mêmes lieux,
De la naturelle survivance des mythes
Sous la lumière du soleil, qui se reflète
Cassée sur son dos submergé.

Toute cette fugacité émerge,
Les cheveux mouillés, de même qu’une monnaie
Dans une mer qui est le temps élastique
Parmi les villages qui brillent la nuit
Comme des constellations de petites étoiles.

C’est comme nager sur les vers
De Sophocles, d’Horace, de Khayyâm,
Sauter sur le poème des eaux
Et avancer sur les lignes d’un chant
Dont la limite excède le temps lui-même.



EL VIENTO ES COMO UN RÍO

EL viento es como un río en el que nada.
No es la primera vez este verano
que lo envuelven las ráfagas del aire
y le descubren la verdad del tiempo,
que fluye como el agua entre los dedos.

Son tantas las imágenes que expresan
el paso irrefrenable de la vida:
las huellas que las olas van borrando,
los relojes de arena de las playas,
el junco que se vence elástico y flexible
al viento en la espesura del solar,

que no sabe si las estrellas,
inmóviles en la apariencia de la noche,
le salvarán de tanta certidumbre.


LE VENT EST COMME UN FLEUVE

LE vent est comme un fleuve où il nage.
Ce n’est pas la première fois cet été
Que les rafales de l’air l’entourent
Et lui découvrent la vérité du temps,
Qui coule comme l’eau sur les doigts.

Elles sont nombreuses les images qui expriment
Le passage irréfrénable de la vie :
Les empreintes que les vagues effacent,
Les sabliers des plages,
Le jonc qui se laisse vaincre, élastique et flexible,
Par le vent dans l’épaisseur du terrain,

Qui ne sait pas si les étoiles,
Immobiles dans l’apparence de la nuit,
Le sauveront de tant de certitude.


EN ESTE MISMO VALLE

POR todo el valle se escuchaba,
salida de no sé qué labios,
hecha del viento y de las ramas.

Como una rotación
lenta,
llena de pájaros y de hojas secas,
de claros en la bóveda del bosque,
de frutos que giraban y caían
del pentagrama de los árboles.

-“ ¿Ésta es la música?” –dijiste.
- “No” –respondí, y miré al fondo de tus ojos
donde habitaba una constelación
de estrellas diminutas.
-“Ésta es sólo su partitura”.


DANS CETTE MÊME VALLÉE

On l’écoutait PARTOUT dans la vallée,
Sortie de je ne sais quelles lèvres,
Faite du vent lui-même et des branches.

Comme une rotation
Lente,
Pleine d’oiseaux et de feuilles sèches,
D’éclaircies dans la voûte du bois,
De fruits qui tournaient et qui tombaient
De la portée des arbres.

- « C’est ça la musique ? » avais-tu dit.
- « Non » -avais-je répondu, et je regardai dans le fond de tes yeux
Où habitait une constellation
D’étoiles menues.
- « Ce n’est que sa portée ».




LA BAHÍA DEL TESORO

ESTÁ cansado, pero llega a sus oídos
la música del mar.

Escruta, en el olor a manzanas maduras
del puerto, la nostalgia de los barcos
varados, el crujir de las maromas viejas.
Y el corazón se acuerda
de aquello que en su juventud leyó
en alguna novela de piratas:
las estrellas no mienten nunca, síguelas.


LA BAIE DU TRÉSOR

Il est fatigué, mais arrive à ses oreilles
La musique de la mer.

Il scrute, dans l’odeur des pommes mûres
Du port, la nostalgie des bateaux
Échoués, le craquement des cordages vieux.
Et le coeur se souvient
De ce qu’il avait lu dans sa jeunesse
Sur un roman de pirates :
Les étoiles ne mentent jamais, suis-les.





PECES DE COLORES

ES transparente la mañana. Fluye
con el olor de los veranos.
Roza mi piel. Es húmeda
y acepta a quien la toca sin preguntas,
como a un pez de colores
que se resbala entre las manos,
que cae y chapotea,
y abre sus branquias para que entre el mar,
y es mar
con un amor desconocido.



POISSONS DE COULEURS

ELLE EST transparente, la matinée. Elle coule
Dans l’odeur des étés.
Elle frôle ma peau. Elle est humide
Et elle accepte celui qui la touche sans poser des questions,
Comme un poisson de couleurs
Qui glisse entre les mains,
Qui tombe et qui barbote,
Et qui ouvre ses branchies pour que la mer y entre,
ET c’est la mer
Avec un amour inconnu.

De "Allí donde no estuve". Editorial Rialp.

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